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Mons Kinky Pinky Orchestra - Dans le cadre d'Ars Musica

Le MKPO en images : ICI !

DISTRIBUTION
Auryn & Pierre Bodson (chanteurs)
 
Musiques Nouvelles, sous la direction de Jean-Paul Dessy
Antoine Maisonhaute et Chikako Hosoda (violons) - Maxime Desert (alto) - André Ristic (piano) - Jeanne Maisonhaute (violoncelle) - Etienne Charbonnier (contrebasse) - Charles Michiels (clarinette) - David Foiche (cor) - Adrien Lambinet (trombone) - Simon Diricq (saxophone) - Pierre Quiriny (percussions) - Simon Drachman (percussions) - Hughes Kolp (guitare électrique)
 
Quel lien, hormis une certaine genèse populaire, peut exister entre des formations telles que The Police, Nirvana, les Beatles, Pink Floyd, Genesis ou les Sex Pistols ? Une réponse nous est donnée en « live » par le Mons Kinky Pinky Orchestra, créé pour Ars Musica par l'ensemble Musiques Nouvelles à Mons. Le programme présente une dizaine de pièces inédites de compositeurs classiques contemporains qui se sont inspirés de leurs morceaux favoris du répertoire pop, rock, folk, funk ou punk. Au-delà de la simple inspiration, ces standards reflètent la pérennité et l'influence des musiques populaires sur la création classique contemporaine. Un voyage détonant !

Programme

Brian Ledwidge Flynn: Boops (Here to go) - Sly & Robbie
Geoffrey François: I am a Walrus - The Beatles
Lisanne van Hek: Women of the World - Jim o'Rourke
Mark Viggiani: John the Revelator - Blind Willie Johnson
Benoît Chantry: Walking on the Moon - The Police
Jonathan Aussems: Mekanik Destruktiw Kommandoh - Magma
Jacqueline Fontyn: Il pleut dans ma chambre - Charles Trenet
Gilles Doneux: (1e mvt) Smells like teen spirit - Nirvana
Stéphane Collin: Wuthering Heights - Kate Bush
Jean-Luc Fafchamps: Message in a Bottle - The Police 
Bernard Gates: Glamour Profession - Steely Dan


Jonathan Aussems

Compositeur, pianiste et improvisateur, Jonathan Aussems est diplômé de l'Université catholique de Louvain (candidatures en bio-ingénieur) et du Conservatoire Royal de Musique de Liège. Marqué par sa rencontre avec Garrett List et son approche particulière de l'improvisation, il fonde ADIKAN school of music pour promouvoir cet enseignement. Il crée dans la foulée l'agence ADIKAN productions et le label ADIKAN creations avec son frère Corentin.Parallèlement à son activité d'enseignant, il compose dans une large palette de styles, de la variété au classique contemporain, et ce pour les formations les plus diverses, dont le groupe belge À Consommer De Préférence, qui signe deux albums sous le label homerecords.be et le générique de l'émission En Voyage de la RTBF, la chanteuse Doms, les quatre mains du Duo B!z'art, l'ensemble contemporain Nahandove, le chœur I Quattro Elementi ou encore l'Orchestre Philharmonique de Liège. En 2008, il est lauréat des Rencontres Internationales de Composition de Cergy-Pontoise. En 2010, il crée avec son frère et d'autres collaborateurs le spectacle Idegael : une expérience orchestrale dessinée, en complicité avec l'OSEL et le dessinateur belge François Schuiten. Accessible et vivante, toujours très imagée et reliée à une profonde sincérité, sa musique nous accroche dans un univers énergique, grâce à une gestion dynamique du rythme: souvent poétique, elle appelle une forme lumineuse de nostalgie. On y retrouve un subtil second degré à la belge, qui semble sans cesse nous rappeler de ne pas y croire, mais de simplement ressentir.
 
QUESTIONNAIRE

Autour de Mekanik Destruktiw Kommandoh - Magma


Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

Ce qui m'a toujours frappé dans la musique dite "de variété", c'est qu'elle est bien plus écoutée que la musique classique au sens large. Et c'est sans même évoquer la place tellement infime qu'occupe la "musique écrite contemporaine" dans les oreilles de nos contemporains. Ce n'est probablement ni bien ni mal - il y a des raisons - mais c'est frappant. Et je me pose très souvent la question de ce qui crée ce décalage. Bien sûr, je n'ai aucune réponse à imposer. J'avance simplement dans l'exploration des paramètres sensitifs qui semblent entrer en compte, et je les expérimente. Ce qui n'échappe pas à mon ressenti, c'est que les aspects répétitif et pulsationnel font partie des ingrédients principaux que l'on retrouve dans les musiques les plus "populaires". Se pourrait-il que ces paramètres de base nous reconnectent, plus certainement que d'autres, à nos racines vitales ? L'un des enjeux, pour les créateurs que nous sommes à cette époque, ne serait-il pas de nous reconnecter à ces racines ? Ne les avions-nous pas presque oubliées, pendant que nous explorions les moindres recoins de notre fabuleux outil intellectuel ? C'est en tout cas une voie qui m'est chère. Quoi qu'il en soit, le défi qui nous était proposé ici m'a tout de suite enchanté.

Tant qu'il y aura de telles occasions de rencontre, j'y répondrai présent.

Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance du groupe Magma dans votre parcours?

En réalité, cela fait quelques années déjà que je me plonge dans la mouvance "progressive" du rock, dont l'âge d'or remonte, selon certains, aux années 1970. Si, pour ce projet, je me suis particulièrement laissé inspirer par le rock progressif et, plus particulièrement par le groupe français Magma, c'est à cause de cette manière simple et parlante d'utiliser la polyrythmie, l'asymétrie, et la répétition. Ce cocktail, décliné sur une pulsation constante, donne pour moi un groove plus puissant et plus entrainant que le simple carré que l'on retrouve dans l'immense majorité des musiques de variété. Je considère d'ailleurs cette expérimentation comme une étude de groove.

Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Je pense en effet qu'il existe actuellement une frontière, et qu'il est de notre ressort d'en licencier les douaniers... ou pas.

Que signifie la musique pour vous?

Cette question mène à l'infini. Je peux donner quelques pistes de décollage qui me tiennent à cœur. Je pense que l'art véritable est le chemin qui mène à la contemplation, donnant accès au sens et à l'ordre des choses. Tout chemin artistique est un raffinement constant de nos sens, de notre sensibilité. Et ce chemin se parcourt avec des outils, dont le premier est toujours notre corps. Pour le musicien, la matière de base est le son et c'est par son utilisation plus ou moins inspirée que nous tissons ce chemin de l'art en nous.

Et peut-être - mais ce n'est pas le but - pouvons-nous partir en éclaireurs pour que d'autres, après, puissent bénéficier de nos découvertes et du canal que nous avons déblayé. Maintenant, je ne voudrais pas me faire passer pour ce que je ne suis pas encore. Je suis jeune, au tout début de ce chemin, et je teste tout simplement ce que j'aime, pour mieux me comprendre, mieux m'amuser, mieux me faire plaisir.

Benoît Chantry

Du choix difficile entre les univers qui l'attiraient, Benoît Chantry a fait aujourd'hui un signe particulier: mélanger les styles et provoquer la rencontre. Passionné d'orchestre et d'orchestration, il arrange et écrit de la musique, primée à plusieurs reprises, pour la chanson française, la scène classique, les orchestres à vent et le théâtre. Il crée ainsi la musique des spectacles Un Petit Orchestre dans un Grand, BachAfrica (Festival de Wallonie), Triharfolk, Le Théâtre ambulant Chopalovitch (Lille 2004), Le Grand Départ, Voix des lieux, Feria y Musica, Scènes d'orchestre, entre autres. Il s'est formé au Conservatoire royal de Bruxelles en percussions, jazz, écritures et direction d'orchestre et a créé des œuvres de Aperghis, Capelletti, Dusapin, Dupraz, Houben, Lysight. Il prépare actuellement la musique du ballet Muse et représente en 2011 la Belgique dans le cadre du Wind Orchestra World Project. Il enseigne au Conservatoire royal de Bruxelles.

 
QUESTIONNAIRE
Autour de Walking on the Moon – The Police
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

Je trouve très amusant d'utiliser des vocabulaires différents pour une même émotion, une même impression.
 

Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de Police dans votre parcours?

Adolescent, j'écoutais principalement Ravel, Mahler, Debussy, Stravinsky… Question pop, la musique de Police et surtout de Sting était alors une des seules dans lesquelles je trouvais une “sophistication satisfaisante”. En tant que batteur, j'y trouvais également mon compte…
 

Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Les choses que l'on désire raconter peuvent être les mêmes. Seul le chemin emprunté diffère. La seule frontière pour moi est d'ordre sociologique…
 

Que signifie la musique pour vous?

Un moyen de s'exprimer sans ambiguïté !

Stéphane Collin

Formé à l'académie de Verviers et au Conservatoire de Liège, Stéphane Collin étudie également le jazz et compose aussi bien en ce répertoire qu'en classique sans dédaigner les musiques de film. A ses Cantiques spirituels, Requiem grégorien ou Cantates se mêlent parfois des musiciens de jazz : Steve Houben y côtoie le Chœur Manouilov et Jean Belliard. Il explore les cycles de mélodies et la musique de chambre avec l'énergie jouissive (mais rigoureuse) de bousculer les genres. Motivé par la découverte d'un manuscrit baroque italien et les recherches musicologiques y afférant, il se lance dans l'écriture d'un roman et révise la partition dont il est issu: Amen a cinque voci del sig. Niccolò Antonio Zingarelli. Elle sera enregistrée à Villers-la-Ville avec des membres de l'orchestre de la Monnaie et cinq chanteurs (Anne Horbach, Anne Loubry, Michel Puissant, Stéphane Van Dijck et Thierry Vallier) sous la direction de Stéphane Collin lui-même (chez Irezumi). Dès 2000, il écrit divers arrangements pour orchestre à cordes (Gilbert Montagné, An Pierlé) et entame une fructueuse collaboration avec l'ensemble Musiques Nouvelles (projet Léo Ferré, Philip Glass, 50ième anniversaire) qui lui commande plusieurs pièces dont L'Enfer en trois mouvements pour quatuor jazz et orchestre. Prolifique, il crée et enregistre plusieurs pièces avec des musiciens aussi divers que Philip Catherine, Michel Hatzigeorgiou, Stéphane Galland, Marie Hallynck, Muhidin Durruoglu, Ronald Van Spaendonck ou Steve Houben.
 

QUESTIONNAIRE
Autour de Wuthering Heights - Kate Bush
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

Je suis profondément enclin à soutenir activement une initiative (encore merci, MKPO) encline à lever les cloisonnements entre compartiments musicaux, étant moi-même enclin mêmement. J'aime à débusquer, pour ma propre gouverne, tout ce qui dans les voies impénétrables des cénacles artistiques obéirait à quoi que ce soit d'autre que le pur plaisir de l'émotion esthétique, assumée sans entrave et revendiquée comme houlette tutélaire.
 

Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de cette pièce dans votre parcours?

Comme si c'était hier, je revis ma surprise ravie à l'écoute de Wuthering Heights par Kate Bush, en 1978. L'immédiateté évidente de ma profonde réceptivité et perméabilité à cette œuvre pouvait suffire à la qualifier d'exceptionnelle. Le fait que cette situation - pas si courante que ça - perdure à travers les âges, a achevé de désigner ce morceau comme candidat unique et favori pour cet exercice de composition. Je me souviens avoir pensé alors: «tiens, la musique pop peut donc être intelligente?», propos que je ne tiendrais plus aujourd'hui, enfin, plus dans ces termes, tant l'intelligence s'avère polymorphe. Mais oui, ce timbre vocal artificiel mais universel, cette mélodie plus fleurie qu'à l'habitude, cette gestion résolument et subtilement sémantique du portamento et du trille, cette incursion des harmonies hors sentes battues, ces mesures 4/4 6/4 alternées à si juste propos, cet arrangement d'autant plus performant qu'économe, ce mixage miraculeux, et jusqu'à cette chorégraphie d'ange déchu, tout cela sert si bien le prétexte littéraire choisi: Cathy quitte Heathcliff et rame un max avant de revenir, repentante, vers lui, mais trop tard (la mort, elle a pris froid).

J'ai évidemment appliqué une analogie rigoureuse entre cette trame et mon arrangement: je commence avec une réplique de l'arrangement de Kate, m'en écarte un brin, histoire d'aller voir ailleurs, puis, repentant, m'en reviens vers lui, mais trop tard (la (petite) mort).

 

Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?
 
Bien sûr, il y a une frontière de fait, et tous les cinq cents mètres on y rencontre des miradors de condescendance et d'incompréhension. En surface, ces mondes sont bien différents, fort diversement structurés et naturellement hermétiques l'un à l'autre. Pourtant, une chose souterraine leur est commune : la jubilation esthétique. Je dis toujours: «quand c'est bien fait, c'est bien fait». Il faut absolument découvrir en chaque musique le niveau de pertinence de ses compétences propres et tenter de s'y ouvrir, pour notre bien propre et celui du monde.
 

Que signifie la musique pour vous?

La musique est ma religion. Le système formidable qui donne sens au monde, à moi-même et aux rapports d'iceux.

Gilles Doneux

Né à Ottignies en 1985, Gilles Doneux commence très tôt l'apprentissage de la musique. En 2005 il se tourne vers la composition et entre au Conservatoire Royal de Mons. Il obtient en 2010 un master en composition dans la classe de Claude Ledoux et en 2011 un master en écritures classiques dans la classe de Jean-Pierre Deleuze. Il y a également suivi des cours de musiques appliquées (musique de cinéma, théâtre,...) avec Denis Pousseur et Jean-Luc Fafchamps. Il a notamment reçu des commandes des ensembles Musiques Nouvelles, Nahandove, Sturm und Klang, Maitrise de la Loire, du festival de Wallonie et du festival Musicalta (Alsace) ainsi que de la ville d'Abbeville (Picardie) à l'occasion des cents ans de la naissance d'Alfred Manessier.

 
QUESTIONNAIRE
Autour de Smells like teen spirit - Nirvana
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

Il ne s'agit pas réellement d'une réécriture mais plutôt d'une mise en perspective de sons liés à des événements de ma vie. Comme tout adolescent des 90's, j'ai écouté beaucoup de rock et d'électro/rock. Je me suis dit que ce projet était l'occasion idéale de relier cette musique (et les anecdotes liées à cette musique) avec ma passion (arrivée plus tardivement) pour la musique écrite.
 
Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de cette pièce et de ces groupes dans votre parcours ?
Le choix de ce morceau est lié d'une part, à l'intérêt purement sonore qu'offre cet extrait que j'écoute, avec le recul, d'une manière plus active, et d'autre part, à des anecdotes liée à l'écoute de ce morceau. Par exemple, j'avais l'habitude d'emprunter à mon frère une cassette audio sur laquelle figurait Smells like teen spirit de Nirvana. Comme il s'agissait d'une copie de copie et que mon lecteur n'était pas d'une très grande qualité, le son parvenait totalement déformé à mes oreilles. Je me souviens m'être interrogé quand, à la fin du solo de guitare, un son parasite perdurait pendant plusieurs secondes. Il s'agissait évidemment d'un larsen, mais ne connaissant pas à l'époque ce phénomène je l'avais interprété comme un dysfonctionnement du lecteur. Le premier mouvement est donc une sorte d'introspection sonore de ce larsen.
 

Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Il n'y a clairement pas de frontière distincte. S'il y en a une, elle est floue et mobile. Et la différence se situe, selon moi, non pas dans le mode de production, mais bien dans le mode d'écoute. Ce qui fait qu'une œuvre est "savante" (passée ou contemporaine) n'est pas tellement la manière dont elle est écrite mais plutôt la manière dont elle est écoutée (dans une salle de concert, assis, en silence,...). D'autre part l'idée de musique "savante" est souvent liée à l'idée de musique "pure" (par opposition à la musique appliquée) c'est à dire d'une musique pour la musique en dehors de tout contexte. Or le concert classique est un contexte d'écoute au même titre qu'un film, un ascenseur ou une rave party.
 

Que signifie la musique pour vous?

Voilà une question à laquelle il est bien difficile de répondre en quelques lignes. Je dirais simplement que la musique a grandement participé à modeler l'être que je suis aujourd'hui (et continue évidemment encore à le transformer). C'est par exemple en écoutant Rameau que j'ai eu envie de lire Voltaire. C'est en écoutant des motets de Lassus ou The dream of Jacob de Penderecki que je me suis intéressé à des questions d'ordre métaphysique. Je crois que ce que je recherche en écoutant et en composant de la musique est comparable à ce que recherchent les croyants en se rendant dans leurs lieux de culte.

Jean-Luc Fafchamps

Jean-Luc Fafchamps (Bruxelles, 1960) est pianiste et compositeur. Il a étudié au Conservatoire de Mons et à l'Université de Louvain. Membre de l'Ensemble Ictus, il participe à de nombreuses créations, tant dans le domaine des musiques de concert, en large ensemble ou en musique de chambre (création d'œuvres de Lindberg, Reich, Aperghis, Mernier, Leroux, Harada, Francesconi, …) que dans les expériences mixtes, en particulier avec la danse (nombreuses créations avec Rosas). Abordé d'abord dans le domaine du théâtre et de la danse (avec le Théâtre Impopulaire, la compagnie Bonté-Mossoux, …), son travail de composition a été salué par la tribune des jeunes compositeurs de l'Unesco (Attrition, pour octuor à cordes) et lui a valu l'Octave des Musiques Classiques 2006. L'Ensemble Ictus, Musiques Nouvelles, le quatuor Danel, l'Orchestre National de Lille, L'Orchestre Philharmonique de Liège, Champs d'Action, Peter Rundel, Jean-Philippe Collard-Neven, Vincent Royer, Stephane Ginsburgh,… ont joué ses œuvres. Elles ont été programmées dans de nombreux festivals internationaux (Présences (Paris), Vilnius, Nancy, Dijon, Varsovie, Budapest, Biennale de Venise, Lima, …). Plusieurs de ses pièces ont été créées au festival Ars Musica (Back to the voice, Melencholia si..., Les désordres de Herr Zoebius, Fragments de Vaisseau, Mot Soufi I et II, …). Jean-Luc Fafchamps s'est consacré d'abord à l'écriture pour petites formations dans lesquelles le piano jouait un rôle central (Dynamiques, pour deux pianos; Melencholia si..., pour deux pianos et deux percussions, Neurosuite pour trio à clavier), avant que son intérêt pour les harmonies non tempérées et les polyphonies de timbres ne l‘entraîne vers d'autres combinaisons sonores: A garden, pour quintette à vents; Bryce, pour quintette à clarinette; Les désordres de Herr Zœbius, pour quatuor à cordes). Depuis 2000, il dirige son travail vers des formations plus vastes dans lesquelles son goût pour les constructions paradoxales et son sens de la synthèse s'épanouissent dans des pièces qui se renvoient l'une à l'autre. Il travaille à l'élaboration d'un vaste réseau de cycles – les Lettres Soufies – manifeste pour l'écriture, l'ouverture stylistique comme rhétorique et l'utilisation de correspondances analogiques comme fondement systémique: S(în) pour ensemble, K(âf) pour orchestre, A(lif) pour ensemble et orchestre, Z3 (Dhâl) pour trombone et électronique, L(âm) pour orchestre. Le dernier volet de son triptyque pour piano Back to… était l'imposé des demi-finales du Concours Reine Elisabeth 2010. Ses œuvres ont fait l'objet de deux disques monographique chez Sub Rosa (Attrition, 1993, et Melencholia si..., 2003), label pour lequel il a aussi gravé, au piano, des enregistrements de Morton Feldman, Berio, Liszt, Dallapicolla, Bowles, Scelsi, … Un disque monographique consacré à sa musique récente pour petites formations, …lignes…, est paru chez Fuga Libera en 2008. Il enseigne l'analyse musicale au Conservatoire de Mons.
 
QUESTIONNAIRE
Autour de Message in a Bottle - The Police
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce « musique écrite contemporaine » des standards pop, rock, chanson, etc. ?

Il me paraissait très naturel de m'inscrire dans ce projet: j'ai une certaine pratique des musiques non-classiques (notamment dans le domaine de la chanson française) et j'ai déjà effectué des arrangements "décalés" de musiques plus ou moins populaires, notamment pour le concert Waits-Weill d'Ictus. J'étais alors resté assez proche de la structure originelle des pièces réarrangées. Je me dis que ce serait intéressant d'essayer d'aller un peu plus loin cette fois.
 

Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de Police dans votre parcours ?

J'ai choisi une pièce assez "pop" de Police qui n'est pas particulièrement ma musique préférée. Dans cette chanson, cependant, j'ai toujours entendu "quelque chose" qui n'y est pas. Je vais profiter de l'occasion qui m'est donnée pour l'y mettre... C'est purement ludique.
 

Entre la musique populaire et la musique dite « contemporaine », pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Oui, il y a des frontières qui sont constituées pas des différences de style, d'histoire, d'objectif esthétique ou d'ancrage sociologique : vouloir tout ramener à un seul niveau d'expression ou d'écoute serait une catastrophe artistique et humanitaire... Cela ne veut pas dire que les individus ne peuvent pas jouer avec ces frontières selon les exigences de leur propre parcours. On peut favoriser les rencontres qui fécondent les styles, sans tomber dans un nivellement qui araserait les consciences. En musique contemporaine, la formule est éprouvée et transmise: connaître l'histoire et ses œuvres et chercher encore des relations nouvelles (avec les sons, le temps, le sens, l'auditeur) pour les consigner avec des symboles hérités à réévaluer. L'imaginaire autonome procède ici d'un certain savoir, d'une position en surplomb, quelle que soit la suspicion qu'elle suscite en ces temps d'acculturation. Vouloir ouvrir la voie vers des compréhensions nouvelles (actualisées, libérées, élargies) et les plaisirs qu'elles suscitent, une position désormais naïve ? Allez savoir... En tout cas une position irréductible.
 

Que signifie la musique pour vous ?

Je n'en sais rien et c'est pour cela que j'en fais.

Jacqueline Fontyn

Jacqueline Fontyn est née à Anvers le 27 décembre 1930. Lui découvrant des dispositions musicales précoces, ses parents la confient peu après soncinquième anniversaire, au pédagogue russe, Ignace Bolotine, qui lui donne des leçons quotidiennes de piano, encourage son goût pour l'improvisation et dont elle garde un merveilleux souvenir. A 14 ans, elle décide de devenir compositeur. Après avoir suivi une formation en écriture musicale auprès de Marcel Quinet, elle se rend à Paris où Max Deutsch lui fait découvrir l'univers de Schoenberg et l'initie à la dodécaphonie, un langage qu'elle utilisera jusqu'en 1979 – mais toujours d'une manière souple et très libre. Elle fréquente aussi, en 1956, la classe de direction d'orchestre de Hans Swarowsky, à l'Académie für Musik und Darstellende Kunst de Vienne. Dès 1963, elle enseigne la théorie musicale au Conservatoire Royal d'Anvers; en 1970, elle est nommée professeur de composition au Conservatoire Royal de Bruxelles, poste qu'elle occupera jusqu'en 1990, tout en répondant à de nombreuses invitations d'universités et de conservatoires, notamment d'Europe (Allemagne, France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Suisse), des Etats-Unis (de New York à San Francisco), du Proche Orient, d'Asie (Chine, Corée, Singapore, Taiwan) et de Nouvelle Zélande. Le catalogue de ses œuvres comprend plus de 100 opus : de la musique orchestrale, vocale, instrumentale et de chambre, qui est interprétée dans le monde entier et figure au programme d'orchestres et de festivals prestigieux. Parmi les nombreuses distinctions qui lui ont été attribuées, citons le Prix Oscar Espla en Espagne et le Prix Arthur Honegger de la Fondation de France, la commande du Concerto de Violon imposé aux finales du "Concours musical international Reine Elisabeth" en 1976, ainsi que deux commandes de la Fondation Koussevitzky de la Librairie du Congrès à Washington. Depuis 2006, tous ses manuscrits sont conservés à la Librairie du Congrès. Membre de l'Académie Royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, Jacqueline Fontyn s'est vue conférer par le Roi en 1993, le titre de Baronne, en reconnaissance de ses mérites artistiques. Un goût pour les climats harmoniques généreux, un rythme souple, un intérêt sans cesse renouvelé pour l'exploration des ressources instrumentales sont autant d'éléments d'un langage en constante évolution, dont les dimensions expressives et poétiques font appel à la sensibilité et à la curiosité de l'auditeur.

 
QUESTIONNAIRE
Autour de Il pleut dans la chambre de Charles Trenet
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

Peut-être ai-je été tentée par le défi, justement, que représentait cette composition. Pourquoi ne pas saisir une occasion de sortir de l'»ordinaire» de la musique dite «classique» («sérieuse» du temps de Charles Trenet!) en mariant les deux genres et en essayant de ne pas trahir l'auteur de la chanson tout en restant proche de certains aspects de mon langage musical actuel? L'instrumentation riche et variée mise à notre disposition était un élément supplémentaire qui m'a incitée à tenter l'aventure.
 

Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de Charles Trenet dans votre parcours?

Les chansons de Charles Trenet, né en 1913, on bercé mon adolescence et ma jeunesse. En les réécoutant, j'y ai retrouvé une grande poésie, des lignes mélodiques bien dessinées et contrastées, un accompagnement par des orchestres jazzy hauts en couleur. Il s'en dégage surtout une joie et un optimisme qui contrastent avec bien des pièces actuelles, du moins celles que j'ai écoutées et qui, je l'avoue, ne sont pas légion… En plus, je viens d'apprendre, en zappant par hasard sur TF1, qu'on commémore en cette année 2011 le 10eme anniversaire de la disparition du grand Charles.
 

Que signifie la musique pour vous?

La musique est toute ma vie! Elle est ma compagne de chaque jour, de chaque instant. Je compte bien lui rester fidèle en espérant qu'elle non plus ne voudra pas me lâcher.

Geoffrey François

Geoffrey François (1978) étudie la composition avec Claude Ledoux (Master de composition au CR de Mons) et Thierry Blondeau (Musicalta). Il est également titulaire d'un prix d'écritures musicales au CNR de Lille où il fut élève de Vincent Paulet et d'une maîtrise de musicologie sur le théâtre musical de Georges Aperghis sous la direction de Francis Courtot.
En 2003, il participe à la création du Sémaphone (association pour le développement de la musique savante contemporaine) avec d'autres compositeurs du Nord de la France. Son expérience de régisseur fit naître en lui une préoccupation toujours croissante pour les arts de la scène concrétisée avec sa compagnie de théâtre musical: L'indiscrète. Dans cette même idée de synthèse artistique, il collabore régulièrement avec les poètes Ludovic Degroote et Charles Pennequin. Attentif à la perception, il propose à travers son œuvre la découverte d'un élan de vie par l'écoute. Sa musique se caractérise par une approche sociale et un travail formel basés sur le geste sonore, notion qui l'amène hors des esthétiques définies à concevoir des dispositifs spécifiques pour chaque projet, qu'ils soient instrumentaux, électroacoustiques ou scéniques. Ses œuvres ont été interprétées notamment par Nicholas Cloesbury, Philippe Bourlois, José-Luis Garcia-Jimenez, Estelle Harbulot, Véronique Marin, Pierre-Olivier Queyras, Anne Frèches, Lionel Raespsaet, Sylvie Levesque, Cédric Duhem, Jorge Hoyo, Cindy Castillo, et les ensembles Multilatérales, Sounds News, Nahandove, Sturm und Klang, le Centre Henri Pousseur, etc. Passionné de pédagogie, il enseigne, entre autre, la composition en tant que conférencier au Conservatoire Royal de Mons.
 

QUESTIONNAIRE
Autour de I am a Walrus - The Beatles
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

Je pratique souvent ce genre de parallèle. Comme beaucoup de musiciens aujourd'hui, j'ai commencé ma pratique musicale en faisant du rock et ce projet était l'occasion pour moi de réaliser une idée que j'avais déjà depuis bien longtemps...


Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance des Beatles dans votre parcours?

J'ai choisi la chanson I am a walrus (The Beatles) parce que le caractère psychédélique de cette chanson se rapproche de mes conceptions esthétiques. Il s'agit de questionner l'écoute, et pour cela cette chanson possède une relation des plus passionnantes entre l'arrangement et le mixage. Outre l'attrait que j'ai pour ce groupe, The Beatles ont une grande importance dans mon parcours pour une raison très anecdoctique : ce fut mon premier choc musical vers mes dix ans. J'ai inséré par hasard Come together dans mon "mange-disque" et cela m'a particulièrement intrigué. En quelques sortes, c'est ce moment de vie que je reproduis dans This is not a walrus.


Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Oui et non, ou plutôt, non et oui... Pour répondre à cette question, il faut faire plusieurs détours. Tout d'abord, définir correctement les termes : je ne sais pas trop ce qui est populaire, dans la mesure où je n'ai pas l'impression qu'une pratique musicale soit en dehors d'un certain peuple... Je sais, par contre, que la musique que j'entends (comme toute musique, par ailleurs) m'est contemporaine, puisque qu'elle et moi existons au même moment. Immédiatement, je ne suis pas sûr qu'il faille être plus actuel que contemporain... Quant à savoir s'il y a une musique plus savante qu'une autre, sachant qu'il faille pratiquer pour savoir et savoir pour pratiquer… Il me semble, que la définition des anglophones, quand ils opposent "Art music" à "Pop music", est plus juste. Ceci dit, poser cette question de frontière entre ces musiques revient à établir une dichotomie entre artisanat et art. S'il y a des délimitations à faire (et elles seront toujours très floues), elles ne se situent pas dans la superficialité de la perception (la "couleur" des musiques) mais bien dans la démarche créatrice et la fonction d'écoute de chaque pratique. Pour un développement de ce propos, je me permets de signaler l'article suivant, rédigé pour une édition locale :François Geoffrey, Si la musique m'était contée (le sens d'un concert-conférence aujourd'hui), in Foulon André, Staquet Anne, Introduction à la musique classique, collection Approches, Mons, Umons, 2009.
 

Que signifie la musique pour vous?

Voilà une question bien large ! Mais tentons un embryon de réponse : disons que c'est la chance pour nous (humain) d'avoir une oreille et donc de conscientiser un discours sonore. En somme, avoir une écoute, aussi bien dans la réception que dans la production.

Bernard Gates

Bernard Gates a étudié la composition et la clarinette au Royal College of Music, Londres, de 1964 à 1967. Intéressé par la musique d'Alban Berg et les théories de la Seconde École de Vienne, il poursuit ses études musicales tandis qu'il enseigne la clarinette et le saxophone. Sa thèse de doctorat, The Codification of Pitch Organisation in the Early Atonal Works of Alban Berg, complétée entre 1990 et 1999, inclut la présentation d'un système générique de classement des hauteurs sur lequel il axe actuellement ses recherches et conférences, et dont un article paraîtra bientôt dans Music Analysis.

 
QUESTIONNAIRE
Autour de Glamour Profession - Steely Dan
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

C'est complètement différent de ce que j'écris d'habitude.
 

Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de Steely Dan dans votre parcours?

La circularité continue de cette chanson, comme sa structure harmonique complexe, me fascinent; j'ai d'ailleurs utilisé ces formes dans ma propre musique et mes mélodies. J'ai aimé les chansons et les enregistrements de Steely Dan dès que je les ai entendus au début des années septante.
 

Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Absolument pas!
 

Que signifie la musique pour vous?

La musique est ma vie depuis ma petite enfance, comme compositeur, professeur, interprète et chercheur. Et j'écoute avidement toutes sortes de musiques!

Brian Ledwidge Flynn

Brian Ledwidge Flynn est diplômé du Trinity College de Dublin où il a étudié la technologie musicale et la composition avec Donnacha Dennehy. Qualifié dans les techniques de radiodiffusion pour le cinéma et la télévision, il a travaillé pour le département son de la B.B.C. (Gormenghast - 2000) et a composé de nombreuses musiques pour des productions multimédias. Il a suivi les masterclasses de Steve Reich, Terry Riley and Kevin Volans.Brian Ledwige Flynn intervient à la radio nationale ainsi que dans de nombreux festivals en Irlande et à l'étranger. Il est membre du Collectif des Jeunes Compositeurs irlandais (Young Composers Collective of Ireland) et directeur artistique de l'Engine Room Orchestra.

 
QUESTIONNAIRE
Autour de Boops (Here to go) - Sly & Robbie
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

L'idée d'adapter une chanson rap dans une notation traditionnelle m'a d'autant plus intéressé que cela touche au récitatif académique. Arnold Schoenberg a annoté ses partitions de croix qui indiquaient le désir d'une intonation parlée sur une ligne chantée. Pour cet arrangement de Boops, j'ai adopté la même méthode en désignant sur la partition le rythme spécifique et les hauteurs approximatives par les mêmes croix. Mon intention est d'être juste assez précis pour que les chanteurs (en l'occurrence la soprano et le baryton) puissent se référer à un contour mélodique clair sans être prisonnier d'une hauteur spécifique. Je pense que la fusion de la parole et du chant est un lien intéressant entre l'école de composition de la seconde école de Vienne au XXème siècle et le rap. Je me réjouis profondément de travailler tout à fait consciemment sur ces deux aspects dans cette pièce de Sly & Robbie.
 

Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de Sly & Robbies dans votre parcours?

Sly & Robbie est le duo le plus échantillonné de l'histoire de la musique moderne. La pratique culturelle jamaïcaine du riddim (une piste instrumentale pré-enregistrée) comme toile de fond d'innombrables chansons et le fait que le duo ait inspiré dans les années 80 les artistes du sampling, Sly & Robbie figureraient sur 200 000 enregistrements. Ceci dit et autant que je sache, aucune de leur pièce n'a jamais été adaptée pour un ensemble classique; il me fallait réparer cet oubli. Le premier pas est fait, il en reste 199 999 autres.
 

Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Nous savons tous qu'aujourd'hui bien plus de gens écoutent le pop et le rock que la musique contemporaine. Pourquoi? Un de mes amis m'a un jour répondu «parce que le pop est une musique qui fait ce qu'on attend d'elle tandis que la musique contemporaine s'y refuse». Dans ce cas, le confort de l'auditeur serait la clef. La satisfaction des attentes gagnerait plus d'auditeurs que la subversion. La tonalité, les modèles rythmiques et mélodiques se retrouvent généralement dans tous les genres, sauf celui de la musique contemporaine. Pourquoi ? Parce que sinon elle ne serait pas contemporaine. La musique contemporaine ne veut pas traîner avec les autres genres, ce qui est admissible puisque que toute façon elle n'est généralement pas bien accueillie. Enfin, s'il y a une limite entre les genres, elle se trouve dans l'élitisme qui existe dans chaque camp. On vous définit par ce que vous écoutez et les compositeurs en sont tous conscients. Ça nous tient en éveil!
 

Que signifie la musique pour vous?

C'est LA question. Dans notre monde moderne, la musique est ce qui nous rapproche le plus de la magie. Les notes écrites ressemblent à des runes et à d'étranges incantations qui, une fois évoquées, remuent l'air autour de nous, changent notre façon de ressentir, libèrent le rire, les larmes et le mouvement (parfois tout cela en même temps). Elle aide nos enfants à s'endormir, nous encourage à démarrer notre journée, accompagne les rituels, les cérémonies et les traditions de chaque société. C'est finalement, sous sa forme instrumentale, l'unique moyen d'expression avec lequel vous ne pouvez mentir et qui ne souffrez aucune discussion.

Lisanne van Hek

Lisanne van Hek a commencé la trompette à 20 ans après avoir joué de nombreux instruments et abandonné des études de guitare basse et de contrebasse au conservatoire. Diplômée du Conservatoire d'Amsterdam, elle reçoit la prestigieuse bourse Talent Scholarship du Nuffic en 2005 pour étudier à la Manhattan School of Music de New York. Son approche unique de la trompette a attiré de nombreux musiciens parmi les plus innovants dans le territoire du jazz et de l'improvisation. Lisanne van Hek se concentre maintenant sur la composition, sur son sextuor Network of Stoppages (avec Benoît Delbecq, Bo van der Werff, Gilbert Nouno, Onno Govaert) et ses concerts solo. Elle se produit régulièrement avec le groupe expérimental parisien Dopplergänger, le David Kweksilber Big Band et le Magic Malik Orchestra. Lisanne van Hek était «improvisatrice en résidence» à Moers en 2010, ce qui impliquait concerts, masterclasses et projets éducatifs. Elle a travaillé avec Shahzad Ismaily, Ambrose Akinmusire, Nils Ostendorf, Clayton Thomas, Nelson Veras, son quintette à cuivres Nodes et son projet laptop/tpt Ecker/vanHek. Lisanne a participé à la production Pitié d'Alain Platel et Fabrizio Cassol, joué avec Aka Moon, Octurn et avec le groupe de Teun Verbruggen: Gowk.


QUESTIONNAIRE

Autour de Women of the World - Jim o'Rourke
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

J'ai été immédiatement attirée par l'idée de donner ma propre version d'un morceau que j'aime mais qui appartient à un style éloigné du mien. Le fait de le transformer suivant des exigences précises et «compactes», ne serait-ce que la durée par exemple, était un défi! Je ne l'ai pas vraiment approché d'une façon «contemporaine», mais simplement à ma manière. J'ai une préférence pour certaines couleurs, certaines textures (qu'il s'agisse d'improvisation ou de composition): c'est juste une question de goût, pas de style.
 
Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de 
Jim O'Rourke dans votre parcours?
Rien ne peut remplacer l'original. Plus tard, je ne me suis rendu compte que le compositeur d'origine était Ivor Cutler, un comédien poète assez obscur qui laissa quelques pierres précieuses comme celle-ci ou Tomato Brain et d'autres encore trouvées sur youtube. Ses versions sont hilarantes et parfaites. J'ai essayé de m'en détacher en pensant que ce qui me plaisait dans cette chanson suffisait à m'encourager.
 

Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Je ne sais pas. Oui et non, cela dépend de la façon dont vous envisagez la question. Il y a dans tous les styles de musique des personnes plus rigides et d'autres plus souples. Il est difficile de répondre à cette question. J'essaie simplement de créer le monde sonore dans lequel je me sens bien.
 
Que signifie la musique pour vous?

Sans la musique, je serais morte. C'est une réponse simple et rebattue (rires). Mais c'est une passerelle vers un monde meilleur, une réalité alternative ou peut-être la matrice dans laquelle je vis maintenant.

Mark Viggiani

Mark Viggiani réside à Melbourne, en Australie. Ses œuvres les plus récentes comptent One Last Tango créé par l'Orchestre Victoria sous la direction de Richard Mills et Lomax Sketches dédié au Tasmanian Symphony Orchestra. Il faut inclure, parmi ses compositions les plus importantes, Magenta pour orchestre, Some Common Prayers, pour la Song Company, sur des textes de Michael Leunig, et Aus Der Munitionsfabriken pour Speak Percussion, créé en 2007 au Big West Festival. Sa commande la plus récente est John the Revelator , pour le Mons Kinky Pinky Orchestra. Lui-même guitariste classique, Viggiani a écrit et créé de nombreuses pièces pour guitare solo ou incluse dans un ensemble instrumental, dont un Concertino pour guitare et cordes: Black Cat Tango a été de nombreuses fois diffusé sur les radios d'Australie et d'Europe et a bénéficié d'un arrangement pour le duo de guitares Z.O.O. basé à Amsterdam, qui l'a enregistré sur l'album A Sympathetic Resonance en 1998. Mark Viggiani a joué et sorti un CD de ses propres compositions, The Rainmaker (Move Records, 1997) acclamé par la critique internationale. Viggiani a étudié la composition à Melbourne avec Mark Pollard et Stuart Greenbaum, et à Turin avec Giulio Castagnoli. Il termine actuellement un doctorat en composition auprès d'Elliott Gyger à l'Université de Melbourne grâce à une bourse d'enseignement supérieur. Il enseigne à Melbourne le solfège, la composition, la guitare et l'orchestration.
 
QUESTIONNAIRE
Autour de John the Revelator - Blind Willie Johnson
 

Pourquoi avoir accepté le défi de réécrire à la sauce «musique écrite contemporaine» des standards pop, rock, chanson, etc. ?

Comme la plupart de ceux de ma génération, j'ai connu mes premières expériences musicales d'interprète et de créateur dans la musique populaire. Aujourd'hui, j'ai choisi de m'exprimer à travers l'instrumentation et l'esthétique de l'écriture contemporaine. La musique populaire reste une forte source d'inspiration et travailler sur une pièce telle que celle-ci me rappelle pourquoi j'ai décidé de consacrer ma vie à la musique.
 

Qu'est-ce qui a justifié votre choix ? Quelle est l'importance de ces pièces et de ces groupes (ou chanteurs) dans votre parcours?

Guitariste à l'origine, mes premières expériences remontent à la musique pop de la fin des années 60. Ce qui m'a conduit directement au blues et au gospel du sud des États-Unis au début du XXème siècle.
 

Entre la musique populaire et la musique dite «contemporaine», pensez-vous, en tant que compositeur, qu'il y ait une frontière ?

Il y a toujours eu des liens très puissants entre la culture populaire et ce qu'on appelle le «Grand Art»; en témoigne l'importance des danses paysannes affinées et stylisées dans la musique du XVIIème siècle. La création artistique ne surgit pas de nulle part; elle est toujours le reflet de son époque. Je crois que la frontière entre les genres musicaux est socio-économique. En d'autres termes, certains genres s'identifient à certains niveaux de richesse, à une ethnie ou une éducation. Ces frontières sont pratiques pour le marketing mais elles ne pèsent en rien sur l'intégrité ni l'honnêteté des différents modes d'expression artistique.

AURYN & PIERRE BODSON : les chanteurs

AURYN a sorti son premier album en avril 2010 : Winter Hopes, un voyage tendre et mélancolique entre le pop, le rock et la grâce de l'enfance. La jeune wavrienne a 25 ans et plus d'une corde à son arc. Entourée d'un père compositeur et d'une mère fan de musique classique, Auryn a suivi leurs traces pendant dix ans, étudiant le violoncelle avec lequel elle a découvert le pop rock. Elle joue du piano depuis ses 17 ans et s'est essayée à la composition en autodidacte, parallèlement à ses études de théâtre à l'IAD. C'est sur MySpace que Aaron et Keren Ann la remarquent et lui offrent ses premières scènes. Elle enchaîne alors les concerts, des Ardentes à la Flèche d'Or à Paris et les premières de Stephan Eicher et Jeanne Cherhal. Elle joue les parties de piano et violoncelle aux côtés de Margaret Hermant au violon, Sacha Toorop (Zop Hopop) et Greg Rémy (Ghinzu). Enregistré au studio Lovo, son album est co-réalisé par Christian Schreurs (Vénus) et mixé par Jean Lamoot (Noir Désir, Alain Bashung). Sa voix singulière soutenue et éclatante s'élève fragile et douce, en suspens...
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PIERRE BODSON, sorti du Conservatoire de Liège en opéra et en musique de chambre, a très vite été remarqué dans le milieu du théâtre musical où il a défendu ses premiers rôles de chanteur-comédien, avec Gianni Schicchi de Puccini ou Pension pour Chiens du Théâtre Maat. C'est naturellement la comédie musicale qui lui a alors tendu les bras en lui offrant les rôles qui l'ont fait connaître du grand public : celui du Loup puis du Conteur dans Emilie Jolie de Philippe Chatel (au Cirque Royal et à Forest National), ceux de Pilate dans Jesus-Christ Superstar (à l'abbaye de Villers-la-Ville), de Marcel l'Echelle dans Célia Fée de Philippe Lafontaine, de Gino dans l'opérette Youpi de Charlie Degotte ou encore de l'Ogre de la Fugue du Petit Poucet. Chanteur éclectique, il s'est également investi dans des groupes aussi différents que Take It easy, quartet de jazz-rock, Sing sing, groupe a cappella décalé, ou Swingin'Voices, octet de jazz vocal sous l'égide du Choeur de Chambre de Namur. Il a aussi créé des œuvres contemporaines avec Henri Pousseur ou Ennio Morricone. Un gabarit hors-norme qui navigue avec coffre et bagout !

Représentations passées

16/03/2011
Théâtre Royal de Mons - 7000 Mons

Photos : Droits Réservés pour les photos / Montage : Isabelle Françaix, Denis Scoubaud, Goldo, Droits réservés. Télécharger les photos.