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LOOP 3 - Festival du Forum des compositeurs

Amandine Lambert, mezzo
Musiques Nouvelles, dir. Jean-Paul Dessy
Antoine Maisonhaute & Chikako Hosoda (violons), Jeroen Robbrecht & Maxime Desert (altos), Jean-Pol Zanutel & Jeanne Maisonhaute (violoncelles), Boyan Vodenitcharov1 & André Ristic2 (piano), Charles Michiels (clarinette), Berten D'Hollander (flûte), Louison Renault & Pierre Quiriny (percussions)
 
Depuis 2008, le Festival LOOP promeut des compositeurs et interprètes de la Communauté Wallonie-Bruxelles en gardant les portes grand ouvertes sur la production contemporaine internationale des musiques acoustiques, électroacoustiques et mixtes. Musiques Nouvelles y créera notamment une pièce, commandée par le Forum des Compositeurs, de Gaëlle Hyernaux qui reçut le prix André Souris en 2008. A ce programme s'ajoutent trois pièces de Victor KissineJacqueline Fontyn et Philippe Boesmans.

Programme

Gaëlle Hyernaux : In Red, création mondiale pour deux percussionistes, clarinette basse et mezzo
 
Philippe Boesmans : Sextuor à clavier pour quintette à cordes et piano2 (2006)
 
Jacqueline Fontyn : Sul Cuor Della Terra pour piano2, flûte, clarinette, violon et violoncelle
 
Victor Kissine : Traverso1 pour piano, clarinette, flûte et quintette à cordes

Sul Cuor Della Terra - Jacqueline Fontyn

Jacqueline Fontyn est née à Anvers le 27 décembre 1930. Lui découvrant des dispositions musicales précoces, ses parents la confient peu après son 5ème anniversaire, au pédagogue russe, Ignace Bolotine, qui lui donne des leçons quotidiennes de piano, encourage son goût pour l'improvisation et dont elle garde un merveilleux souvenir. A 14 ans, elle décide de devenir compositeur. Après avoir suivi une formation en écriture musicale auprès de Marcel Quinet, elle se rend à Paris où Max Deutsch lui fait découvrir l'univers de Schoenberg et l'initie à la dodécaphonie, un langage qu'elle utilisera jusqu'en 1979 – mais toujours d'une manière souple et très libre. Elle fréquente aussi, en 1956, la classe de direction d'orchestre de Hans Swarowsky, à l'Académie für Musik und Darstellende Kunst de Vienne. Dès 1963, elle enseigne la théorie musicale au Conservatoire Royal d'Anvers; en 1970, elle est nommée professeur de composition au Conservatoire Royal de Bruxelles, poste qu'elle occupera jusqu'en 1990, tout en répondant à de nombreuses invitations d'universités et de conservatoires, notamment d'Europe (Allemagne, France, Hongrie, Pays-Bas, Pologne, Suisse), des Etats-Unis (de New York à San Francisco), du Proche Orient, d'Asie (Chine, Corée, Singapore, Taiwan) et de Nouvelle Zélande.
Le catalogue de ses œuvres comprend plus de 100 opus : de la musique orchestrale, vocale, instrumentale et de chambre, qui est interprétée dans le monde entier et figure au programme d'orchestres et de festivals prestigieux.
 
Sul Cuor Della Terra est une commande de Yoko-Nagae-Ceschina et a été composé à la mémoire de Cesare Grassetti, avocat célèbre et professeur à l'Université de Milan (1909-1990). Un des poèmes préférés du Professeur Grassetti a inspiré cette composition; il est du poète italien Salvatore Quasimodo:
Chacun se trouve seul sur le cœur de la terre
Transpercé d'un rayon de soleil
Et soudain c'est le soir.
Dans les trois mouvements contrastés de l'œuvre, le compositeur a tenté de recréer l'atmosphère que dégage chacun des vers de ce court poème: le sentiment de la solitude sur cette terre; la transparence et l'acuité d'un rayon de soleil; la conscience soudaine de la fuite du temps.
 
Les lettres du nom de Cesare G correspondant à des notes de la gamme (dans les langues germaniques) sont utilisées comme matériau de base.

In Red : création mondiale - Gaëlle Hyernaux

Gaëlle Hyernaux fait ses débuts en composition un peu par hasard lors de son cursus en guitare classique à l'Imep (Namur),auprès de Maria-Nieves Mohino : à la demande de Georges Bouché, professeur d'écritures, harmonie, analyse et FALC, elle participe, avec d'autres étudiants , à une collaboration avec le festival Take a note (organisé parla Monnaie) permettant à des étudiants de voir une de leurs productions jouée dans les locaux de la Monnaie. Ce sera Antigone, «mini-opéra» d'après le livre éponyme de Henri Bauchau, créé par des étudiants de l'Imep en 2003; en 2004, l'expérience est rééditée sur un livret original intitulé Souris contre chat. En 2005, Gaëlle entame des études de composition au Conservatoire Royal de Liège dans la classe de Michel Fourgon (Gilles Gobert pour la musique mixte). Elle participe aux Rencontres Internationales de Cregy-Pontoise en 2006 et au Festival Images Sonores (Liège) en 2007 et 2008. Gaëlle Hyernaux est professeur de guitare au conservatoire de Verviers et à l'Académie de Grez-Doiceau, et joue au sein du trio de guitares Cadenza (avec Georges Englert et Eric Kisteman). Elle reçoit le prix André Souris en 2008.

Au départ, un rêve. Pas le mien.
Enfin, un rêve...
Il était une fois un taureau immense. Mort ou vif.
Et dedans, quelque chose qui bat, imprime sa chair aux parois carnées.
Mat contre mat, et l'obscurité rouge.
C'est là que nous sommes. Dedans. Dans tout ce rouge.
L'air est rare, et chacun des coups portés aux parois le raréfie encore.
Mais si l'on va plus en dedans encore,il s'ouvre une étendue calme, où les échos trouvent à se déploier, la lumière à résonner.
Puis revenir.
Pulser encore. Et encore.
Et encore. (Gaëlle Hyernaux)

L'installation électronique peut être envisagée comme un nouvel instrument à part entière, développe Gaëlle Hyernaux [...] Elle peut aussi être prise comme une prothèse d'un instrument, comme quelque chose qui nous donne un autre monde, une nouvelle manière de voir la musique. C'est un moyen d'élargir les possibilités de la musique acoustique, ou alors la possibilité d'appréhender le phénomène sonore par un tout autre côté. Elle permet de gommer tous les paramètres qu'on a dans la musique acoustique pour passer outre. Elle permet enfin de pousser les instruments classiques à leurs limites parce qu'il y a des machines derrière. Il y a une technique instrumentale qui évolue de par la musique mixte.

Extrait de l'article de Philippe Lecrenier : Musique mixte, à la frontière des genres, publié dans Culture, le magazine culturel de l'Université de Liège en ligne, décembre 2009 : ICI !

 

Sextuor à clavier - Philippe Boesmans

Pour quintette à cordes et piano (2006)
 

Après des études de piano au Conservatoire Royal de Musique de Liège où il obtient un Premier prix, Philippe Boesmans renonce finalement à une carrière de pianiste – à part quelques interventions lors de concerts avec l'Ensemble Musiques Nouvelles – préférant se consacrer à la composition qu'il étudie en autodidacte. Ses rencontres avec Pierre Froidebise, Henri Pousseur,Célestin Deliège et André Souris, ainsi que des stages à Darmstadt déterminent et assurent sa volonté de composer.

Ses premières pièces datent du début des années soixante et témoignent de la profonde influence – à travers les œuvres de Berio, Boulez, Pousseur et Stockhausen – d'un sérialisme qui se fissure, incluant consonances et périodicités rythmiques.

En 1971, Boesmans est attaché au Centre de recherches musicales de Wallonie, dirigé par Henri Pousseur et au Studio électronique de Liège. Producteur à la RTBF, il est, de 1985 à 2007, compositeur en résidence au Théâtre Royal de la Monnaie, dont les directeurs Gérard Mortier puis Bernard Foccroulle lui commandent de nombreuses pièces comme les Trakl-Lieder(1987), une transcription de l'opéra de Monteverdi Le Couronnement de Poppée(1989) et plusieurs œuvres scéniques: La Passion de Gilles(1983), Reigen(1993), avec une mise en scène de Luc Bondy sur la pièce du même nom de Schnitzler, reprise de nombreuses fois, qui vaut au compositeur une renommée internationale. Wintermärchen, d'après The Winter's Tale de Shakespeare, nouvelle collaboration avec Luc Bondy est créée en 1999 au Théâtre Royal de La Monnaie à Bruxelles et repris 2000 à l'Opéra de Lyon, au Châtelet à Paris et en 2004 au Liceu à Barcelone. Suivent les opéras Julie créé au théâtre de la Monnaie de Bruxelles en 2005, repris à Vienne et au festival d'Aix-en-Provence et Yvonne, princesse de Bourgogne, comédie tragique créée à l'Opéra de Paris en 2009.
 

Ses œuvres, programmées par les principaux festivals internationaux – Darmstadt, Varsovie, Zagreb, festival Ars Musica Bruxelles, Royan, Metz, Avignon, Strasbourg, Montreal – ont reçu de nombreux prix, parmi lesquels le Prix Italia pour Upon La-Mi(1969), le Prix de l'Union de la Presse Musicale Belge, le Prix de l'Académie Charles-Cros et le Prix international du disque Koussevitzky pour l'enregistrement du Concerto pour violonet de Conversionset le Prix Charles-Cros pour le DVD deJulieen 2007. En 2000, Boesmans reçoit le prix Honegger pour l'ensemble de son œuvre et, en 2004, le Prix Musique de la SACD. © Ircam-Centre Pompidou, 2010

Le Sextuor à clavier est une commande de l'ensemble de musique contemporaine de Cologne, Musikfabrik. C'était juste après Julie. Je n'avais pas envie d'utiliser les sons de la musique contemporaine ni les instruments pour lesquels on compose toujours: marimbas, vibraphone, percussions… J'ai choisi d'écrire pour des cordes et un piano, comme Brahms ou Fauré. Mais je voulais quand même une musique un peu originale: une continuité et un jeu avec les conventions de l'écriture.(Philippe Boesmans)
 

Traverso - Victor Kissine

Victor Kissine est né à Saint-Pétersbourg en 1953. Il poursuit des études supérieures et un doctorat à la Faculté de composition et de musicologie du Conservatoire de Saint-Pétersbourg. Etabli en Belgique depuis 1990, il est naturalisé Belge. Professeur d'analyse musicale et d'orchestration au Conservatoire Royal de Mons, il est également professeur à l'INSAS et conférencier à la Cambre. Il est membre de l'Académie Royale des Sciences, Lettres et Beaux-Arts de Belgique depuis mai 2008.

L'instrument qui menait le discours dans cet opus en première version fut le saxophone soprano. Il a été remplacé par la clarinette dans la version que j'ai révisée pour Musiques Nouvelles.
La partie du piano qui joue le rôle de la charpente contient beaucoup de longues notes. “On voit bien à travers”, - déclara mon ami Boyan Vodenitcharov. Ainsi, il m'a donné l'idée du titre. En effet, mis à part la transparence de l'écriture pianistique et du fait que le protagoniste souffle bien à travers son instrument, cette remarque de Boyan reflète parfaitement le concept de la forme entière de la pièce.
D'une part, je l'ai voulue expressément narrative: une forme qui traverse les événements étape par étape. Mais d'autre part, à travers cette narration j'ai tenté d'explorer une sensation temporelle qu'on appelle soit “verticale”, soit “circulaire” – une sensation qui donne l'impression du déroulement à la fois en avant et en arrière. Pour moi elle se dirige non pas horizontalement ou verticalement, mais plutôt à travers, vers la troisième dimension.

Ainsi les cadences narratives, mises en évidence à la manière de Schubert mènent progressivement à la Cadenza du protagoniste. C'est l'axe de la forme qui marque le déroulement en arrière. Or, l'intention du retour proposée en cinq reprises par le même accord du piano reste finalement inaccomplie – et ceci malgré la reprise exacte. C'est à la fin de la pièce, dans une espèce de Coda que j'ai tenté d'ouvrir cette fameuse troisième dimension. Tous les instruments s'y révèlent d'une manière quasi indépendante, si on veut, chacun par sa propre Cadenza . Est-ce une ouverture dans le sens du début? Je ne le sais vraiment pas.
Victor Kissine

Coproduction

Le Manège.mons/Musiques Nouvelles- Forum des Compositeurs - Centre culturel d'Etterbeek, en collaboration avec Musiques & Recherches, le Centre de Recherches et de Formation Musicales de Wallonie

Représentations passées

27/11/2010
Espace Senghor - Etterbeek

Photos : Forum des Compositeurs, Isabelle Françaix. Télécharger les photos.