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Spire (Touch Label Night) - SONIC CATHEDRAL 2006

7 mai 2006 - Cathédrale des Saints Michel et Gudule - Nuits Botaniques

Ensemble Musiques Nouvelles, direction Jean-Paul Dessy
 
Violons - Wibert Aerts, Cristina Constantinescu, Caroline Bayet, Claire Lechien, Antoine Maisonhaute, Nicolas Marciano
Altos - Dominica Eyckmans, Paul Declerck
Violoncelles - Jean-Pol Zanutel, Jean-Luc Brulin
Contrebasse - Pascal Smets
Orgues - Charles Matthews, Xavier Deprez, Momoyo Kokubu
Electronique - Christian Fennesz
 
Christian Fennesz et Philippe Jeck du Label Touch
Scelsi, Arvo Pärt, Gorécki & Jean-Paul Dessy

Un concert d'orgue à la croisée des chemins spirituels et sonores, rencontre par delà les époques (du XIVe au XXIe siècle) et les styles de musiciens acceptant de quitter leur rivage habituel (classique, pour les uns; électro, pour les autres) pour édifier au coeur de la cathédrale des instants de grâce par l'écoute contemplative ou la jubilation ...

PROGRAMME

Robertsbridge Codex - Estampie (l) [c.1335] - Soliste : Charles Matthews, orgue positif.

Henryk Gorécki - Concerto for Keyboard - Soliste : Xavier Deprez, orgue & Musiques Nouvelles, cordes. 9'10"

Arvo Pärt - Fratres - Soliste : Charles Matthews, orgue & Musiques Nouvelles, cordes. 11'20"

Philip Jeck : set électronique

Giacinto Scelsi - In Nomine Lucis - Soliste : Charles Matthews, orgue. 5'20"
 
Christian Fennesz : set électronique

Maurice Duruflé - Toccata - Soliste : Charles Matthews, orgue
 
Jean-Paul Dessy - Drawn by drone - CREATION MONDIALE / Soliste : Xavier Deprez, orgue & Musiques Nouvelles, cordes. 7'

Robertsbridge Codex: Estampie (l) [c.1335] - Soliste : Charles Matthews, orgue positif
 
Quelques photos de cette soirée mémorable sur le site de Touch !


Coproduction

Botanique - Musiques Nouvelles en collaboration avec Culture et Tourisme, a.s.b.l. Cathédrale Sts Michel et Gudule.

Ce que la presse en a dit

Nombre - Mai 2006 - Nathalie Vincent
"La musique est un bien rare et précieux"
Dans le cadre des Nuits Botanique, le labet TOUCH et l'Ensemble Musiques Nouvelles se réunissent autour d'un projet hors du commun. Un concert d'orgue au sein duquel se rencontrent les musiques électroniques et classiques. Jean-Paul Dessy, directeur musical de l'Ensemble Musiques Nouvelles, a composé une oeuvre originale pour ce concert.
 
Comment est né ce projet artistique ?
Mike Harding, le directeur du célèbre label de musique électronique Touch cherchait depuis longtemps la rencontre entre l'univers des musiques électro-planantes et le monde de l'orgue. Ce qui est assez logique car l'orgue est un instrument chargé d'une forte puissance spirituelle. Au temps de Cromwell, on le disait inspiré d'une force satanique alors qu'à l'heure actuelle, c'est l'instrument que le public rattache le plus facilement à la religion. L'orgue peut donc être à la fois la voix de l'ange et l'instrument du Diable.
 
Réaliser ce concert dans la cathédrale des Saints Michel et Gudule était une évidence ?
Un tel concert avait déjà été organisé dans le cadre d'un festival à Genève. Nous étions donc conscients que la magie pouvait opérer. Il restait donc à convaincre nos partenaires. Comme je collabore régulièrement avec les Nuits du Botanique, il me semblait pertinent d'insérer ce projet dans un festival qui se prête à ce genre de rencontres musicales. Quand nous avons ensuite exposé le projet à Alain Arnould, l'aumônier de cette cathédrale, il s'est tout  de suite montré enthousiaste. C'est d'ailleurs lui qui a défendu notre projet auprès des autorités ecclésiastiques.
 
Avant la préparation de ce concert, étiez-vous déjà ouvert à la musique électronique ?
Bien sûr, même si je me suis spécialisé au fil de ma carrière dans la musique de chambre, la musique électronique demeure un ingrédient essentiel de ma vie musicale.
C'est un vivier magnifique de sonorités nouvelles qui peuvent vous amener à un état de sérénité incroyable.
 
(...)
Métro - 2 mai 2005 - L.G.
"La musique remplace l'église"
Une rencontre entre laptops, électronique et musique d'orgue du XIVe siècle. Voilà le menu de dimanche à la cathédrale des Saints Michel et Gudule à Bruxelles. Le concert du label britannique Touch, qui héberge entre autres Biosphere et Fennesz, promet d'être une expérience pour le moins surprenante. Nous avons rencontré Mike Harding, le patron du label.
 
D'où vient l'idée de concilier électronique et musique d'orgue ?
Cette idée est née pendant un long voyage en train à travers la Suisse. Pour passer le temps, je me demandais avec les artistes qui m'entouraient quel était le meilleur instrument acoustique. Nous étions tous d'accord pour dire qu'il s'agissait de l'orgue, en raison de sa portée, de sa puissance et de sa vitalité. Il est par ailleurs en mesure de produire tous les sons, des plus bas aux plus aigus. La plupart des orgues se trouvent dans des églises. C'est pourquoi nous nous sommes intéressés à la musique religieuse et aux débuts de la musique d'orgue. Notre concert bruxellois commencera par une oeuvre datant de 1335, d'après nous la première pièce spécialement composée pour un orgue. Et pourtant le son est particulièrement contemporain.
 
Avec ce concert, souhaitez-vous donner l'exemple en mêlant orgue et électronique ?
Nous voudrions surtout déclencher un dialogue. Il est par exemple intéressant de voir que Charles Matthews, l'organiste anglais qui jouera à Bruxelles, et Christian Fennesz, ont de nombreux points communs. Charles a eu une formation musicale classique très orthodoxe qui ne permettait pas d'expérimenter. Il considère cela comme extrêmement restrictif. Christian Fennesz se trouve à l'autre extrémité : il est partisan d'une improvisation complète. Charles et Christian apprennent beaucoup l'un de l'autre : Charles est en quête de liberté, mais il transmet son sens de la précision à Fennesz.
 
La musique de Biosphere ou Fennesz contient-elle du spirituel ?
D'après moi, si cette musique attire un public si vaste, c'est justement par sa spiritualité. dans notre société, la musique remplace l'église. Les gens se nourrissent de leurs propres idées spirituelles pour poursuivre leur existence, et ces idées-là sont influencées par les oeuvres artistiques qu'ils croisent. La musique possède un pouvoir alchimique, celui d'entrer dans la vie des gens et de modifier leurs concepts et leurs habitudes. Mais la musique a aussi un impact physique. Avec leur amplitude et leur puissance, les orgues d'église avaient d'ailleurs jadis pour objectif de produire une vive impression sur les gens.
 
Que pouvons-nous attendre du concert de dimanche ?
Philippe Jeck utilisera de la musique d'orgue vinyle sur ses platines de façon à superposer des couches de bruit. ses samples sont incroyablement moving : il est en mesure de pénétrer certains aspects de notre mémoire. Il nous emmène dans des endroits que nous avions oubliés depuis longtemps. Une expérience très spitituelle... Il a eu un impact important sur ma manière d'écouter. Dimanche, l'autre artiste du label Touch sera Christian Fennesz, un des grands noms de la musique électronique dans son ensemble. Il sortira de son ordinateur portable un ensemble de samples de musique d'orgue.
La Libre Belgique - 9 mai 2006 - Nicolas Blanmont
Aux Nuits, "Re-Spire, in-Spire"
Sous le titre Spire, les Nuits botanique se clôturaient dimanche à la cathédrale St-Michel par une soirée atypique mêlant ensemble de musique contemporaine (Musiques Nouvelles, dirigé par Jean-Paul Dessy), orgues (trois organistes reconnus, plus le même Dessy) et deux sets électroniques assurés successivement par Philippe Jeck et Christian Fennesz du label Touch. Diverses approches pas tellement éloignées de ce qui pour les uns s'appelle la spiritualité et que les autres qualifieront de New Age, et saluées à ce titre en accueil par le Père Alain Arnould, aumônier des artistes.
 
Concert classique ou concert rock ? Majoritairement rock par son public plutôt jeune, parfois enclin à se déplacer dans la "salle" pendant la soirée, rock aussi par son début en retard ou par le soin des musiciens classiques à jouer debout. Classique aussi par une frange plus âgée de l'assistance (qui aura tendance à jouer la Symphonie des Adieux pendant les sets électro), par la station assise des spectateurs et par l'absence de fumée de cigarettes - le lieu, forcément, impose un certain respect.
 
Encadrée par deux estampies du Codex de Robertsbridge - le petit orgue médiéval répondant aux grandes orgues contemporaines -, la soirée aura donné quelques moments forts : un intense Fratres d'Arvo Pärt, la création de Dessy ou la démoniaque Toccata pour orgue de Maurice Duruflé qui, resituée dans ce contexte, n'aura jamais semblé aussi proche de Jimi Hendrix. Le Concerto pour clavier de Gorecki frise un peu plus le kitsch, hésitant entre le Borodine des danses polovtsiennes et l'esthétique répétitive minimaliste et, si le set de Fennesz joue assez bien de la symbiose avec l'orgue, celui de Jeck paraît plus prévisible, passant de sons de synthés et rythmes de séquenceurs pas tellement éloignés du Klaus Schulze des années 70 à une sorte de variation sur le thème de Star Wars. Léger regret au final : les deux univers se croisent là où on rêvait une vraie rencontre. Juxtaposition plus que fusion.

Représentations passées

07/05/2006
Cathédrale Saints Michel et Gudule (organisation Botanique) - 1000 Bruxelles