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Musiques de l'Extase - Pärt - Scelsi - Dessy - Glass - Mishima

1er février 2005 - Philharmonique de Namur
Programme
 
Arvo Pärt - Fratres - 10'
Giacinto Scelsi - Natura Renovatur - 13'
Jean-Paul Dessy - The Present's Presents - 12 '
Philip Glass - Mishima - 35 '
 
Distribution
 
Musiques Nouvelles, direction Jean-Paul Dessy (violoncelle)
 
Violons - Madjera Samandari, Cristina Constantinescu, Frédéric van liefferingen, Red Gjeci, Pierre Heneaux, Antoine Maisonhaute, Erik Sluys
Altos - Dominica Eyckmans, Manuela Bucher
Violoncelles - Jean-Pol Zanutel, Marine Hornaszewski
Contrebasse - Eric Mathot
Harpe - Karen Peeters
Guitare - Hughes Kolp
Percussions - Louison Renault, Jean-Michel Monart, Sara Mouradouglou, Salvatore Salamone

Ce qu'en a dit la presse

La Libre Belgique - 3 février 2005 - Nicolas Blanmont
Leçon de diversité contemporaine
On sait gré à Jean-Paul Dessy d'avoir, depuis qu'il a pris les rênes de l'Ensemble Musiques Nouvelles, amplement justifié les "s" finaux de ce patronyme : avec lui, la preuve est faite à chaque concert que la musique contemporaine est une catégorie plus riche qu'il n'y paraît, et bien plus diversifiée que ce qu'on veut bien en montrer dans les lieux qui lui sont institutionnellement dédiés.
 
Ainsi, le concert donné à la Philharmonique de Namur mardi soir sous le titre Musiques de l'extase (intitulé assurément attirant, mais pas pleinement fondé)s'ouvrait et se clôturait par des pièces de deux compositeurs boudés par Ars Musica, l'un depuis 1990 et l'autre depuis 1993. Fratres d'Arvo Pärt d'abord, lente et majestueuse élégie qui, en une douzaine de minutes d'une grande économie de moyens, fascine et émeut à la fois : sans doute une des pièces les plus superbement tristes composées à la fin du XXe siècle, et interprétée avec une grande intensité par Dessy et ses troupes.
 
Et, en deuxième partie de soirée, Mishima de Philip Glass, suite pour orchestre de chambre - cordes et percussions - tirée de la musique éponyme du film de Paul Schrader en 1984 ; chaque partie y prend une couleur propre (du quatuor à cordes à la guitare électrique), certains passages rendant la présence du chef presque incongrue, mais le tout ne manque pas de cohérence. Assurément pas de la musique à se prendre la tête entre les mains, mais de la musique qui réintroduit la notion de plaisir et d'écoute;
 
Entre les deux, mais toujours avec une discrète amplification pour ajouter aux instruments une légère réverbération que l'acoustique de la salle ne pouvait leur donner naturellement, deux compositeurs moins suspects de compromission avec le grand public. L'inclassable Giacinto Scelsi, d'abord, dont Dessy est un grand défenseur, comme il le montre en construisant pas à pas le long crescendo d'intensité de Natura Renovatur dans ce qui paraissait de prime abord n'être "que" un passionnant voyage à travers le son. Jean-Paul Dessy lui-même ensuite, compositeur et soliste des Présents du Présent, konzertstück pour violoncelle inavoué qui emprnte joyeusement au classique, au répétitif, au rock et peut-être même au tango, mêlant avec un métier consommé diverses influences pour les restituer sous une forme... éminemment séduisante.